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Argousier Hippophae_rhamnoides  Voilà un petit bijou, si concentré qu’il s’utilise plus comme un « actif » que comme une « huile de base« . L’huile de graines et/ou de fruits d’Argousier, de nom botanique « Hippophae rhamnoides » (en anglais « Seabuckthorn oil »). Cette merveille nécessitera même 2 articles tant il y a à dire !

Si les françaises découvrent cette précieuse huile (appelée « or rouge« ) depuis peu, c’est un remède ancestral venant des hauts plateaux du Tibet (médecine tibétaine), qui se développa en Mongolie, en Russie, en Scandinavie, avant d’arriver en Europe.

Je vois peu les « cosméteuses » l’utiliser, peut-être en raison de son prix.. Une bonne huile d’Argousier vaut assez cher ! Mais elle s’utilise en petites quantités et est ultra active ! On conseille de l’utiliser à hauteur de 5% dans nos crèmes, laits etc, et jusqu’à 10% maximum dans les soins solaires. C’est donc plus un actif qu’une huile ! Son prix devient alors plus acceptable..

Je l’avais découverte il y a quelques années sur un salon bio, grâce à des passionnés : Flore Alpes . Vrais spécialistes, ils ont des plantations d’Argousiers (vous pouvez même leurs acheter des plants !) et ont créé des produits alimentaires et des cosmétiques à base de cette HV (et de sève de Bouleau). Leur huile est obtenue mécaniquement, en 1ère pression à froid des fruits (et pas seulement des graines). Sa couleur est éclatante ! Une qualité top ! Mais 18 euro les 10 ml…

Je leurs avais aussi acheté un petit livre, dans lequel je me suis replongée il y a peu:  « L’argousier, fruit énergétique, huile bienfaisante » de Sylvia Luetjohann (« le guide complet des soins naturels à base de jus et d’huile d’Argousier« ).

Ce livre retrace d’abord l’histoire et le parcours de L’Argousier, au fil des siècles. D’abord plante sauvage, puis cultivée, en URSS, puis en Allemagne de l’Est.. Sur tout son parcours géographique, petit à petit L’Argousier est entré dans différentes médecines (Mongole, Russe..) et a intéressé plusieurs médecins, notamment allemands, qui ont entrepris des recherches poussées.

Argousier arborescent  On y apprend aussi que si la culture de cet arbre épineux est très facile car il est robuste et se contente d’une terre pauvre, la récolte des fruits est elle plus complexe..

L’Argousier est une plante dioïque, c’est à dire que les plants sont soit mâle soit femelle, et qu’il faut donc 2 plants pour obtenir la fructification (Flore Alpes vend d’ailleurs ses plants en couple !). La femelle porte les fruits. Mais on ne peut distinguer les femelles des mâles q’au bout de 3 ou 4 ans..

La floraison est courte et la femelle est uniquement pollinisée par le vent. Les plants sont répartis à peu près équitablement dans la nature. Mais dans les cultures on encercle les femelles de pieds mâles pour aider un peu dame nature.. Sous peine de récoltes bien maigres !

Autre complication, la récolte elle-même. Qui est apparemment très délicate. Les fruits sont solidement attachés aux branches, mais si on presse trop sur le fruit pour le détacher, celui-ci s’écrase.. De plus la période de récolte est très courte et dépend des variétés.. Il faut donc savoir quand intervenir, sous peine que le fruit perde rapidement ses propriétés..

Les différentes variétés d’Argousier sont choisies soit pour leur teneur en Vitamine C dans le fruit, soit pour la quantité d’huile présente. Chaque plantation dépend donc de sa future utilisation. Et il faut donc bien connaître les spécificités de chaque variété..

La cueillette a longtemps été faite exclusivement manuellement. Le rendement était alors de maximum 3 kg par heure ! Impensable pour les industriels.. Petit à petit, au lieu de cueillir fruit par fruit, on a commencé à couper les branches porteuses des fruits. Mais il fallait encore enlever les feuilles.. Puis sont inventé les 1ères machines récoltant les branches.. Depuis peu de temps 4 sociétés allemandes ont fait l’acquisition de « cueilleuses » automatisées. Le reste de la production est donc encore semi manuelle, et la main d’œuvre pèse sur le prix de l’huile.

Et les caprices de l’Argousier ne s’arrêtent encore pas là ! Une fois le précieux fruit récolté, pas question de le laisser au contact de l’air ambiant, de la lumière, ni même du métal, au risque de le voir s’oxyder rapidement. Son aspect change, et les acides gras essentiels que contiennent les baies et les graines « rancissent ». Il doit être transformé immédiatement ou congelé. Les transformations sont le pressage des baies, ou leur passage à la centrifugeuse. Pour obtenir du jus et/ou de l’huile.

L’huile peut aussi être obtenue par pressage du « marc » restant après le pressage, préalablement séché. Car nous le verrons plus bas, il existe en fait plusieurs huiles d’Argousier.. Comme l’Olive (on appelle d’ailleurs la baie d’Argousier « l’Olive du Nord« ) la pulpe de son fruit contient aussi de l’huile.. On trouve donc de l’huile de graines (ou pépins) ET de l’huile de baies d’Argousier.

Comme nous venons de le voir, sa difficulté de production fait de l’huile d’Argousier une huile rare, et certains pays connaissent même des pénuries ! Et la main d’œuvre nécessaire ajoutée aux difficultés de production = une huile chère !..

Seabuckthorn_berries, argousier  Mais que contient cette merveille ?

Tordons le coup tout de suite à une idée reçue : contrairement à ce que certains industriels disent, il n’y a pas de Vit.C dans l’huile. Cette vitamine étant hydrosoluble, on ne la trouve que dans le jus, pas dans l’huile ! Sauf quelques traces, l’huile ayant un « taux d’humidité résiduelle ». Si on vous vente 1 produit à l’huile d’Argousier contenant le fameux « Complexe ACE » c’est que la Vit.C est ajoutée. Et souvent synthétique.. La vitamine B 12 est aussi une vitamine « hydrophile » (comme la C) et ne se retrouvera que dans le jus de baies.

Par contre côté Vitamine E notre huile est une championne ! 200mg d’alpha-tocophérol pour 100 gr d’huile ! (contre 60mg/100gr pour l’huile de Tournesol par ex.). Cet anti-oxydant puissant protège d’abord les vitamines et les acides gras de l’huile, qui est très stable et résiste à l’oxydation. Mais il est surtout très utile à notre peau ! Qu’il protège également de l’oxydation et donc des redoutés radicaux libres. La Vit.E aide la peau à lutter face au vieillissement, aux agressions extérieures et augmente sa résistance aux UV. Mais ce n’est pas la seule richesse de notre huile..

L’huile d’Argousier contient une autre vitamine précieuse pour notre peau.. La Pro-vitamine A ou Béta-Carotène ! Les caroténoïdes (oui ces substances colorantes qui nous font le teint « carotte » si on en utilise trop !) sont aussi des anti-oxydants (liposolubles) et ont un effet anti-inflammatoire. Le Béta-Carotène aussi appelé couramment Carotène est présent dans de nombreux fruits (tomates, abricots..), légumes et racines (carottes, poivrons..) ou fleurs rouges ou jaunes. Il se transforme dans l’organisme en Vitamine A. On l’appelle donc « précurseur de Vitamine A » ou Pro-vitamine A. Environ 75% des besoins de notre corps en Vitamine A sont couverts par le Béta-Carotène ! Quand on sait que l’huile d’Argousier en contient 70mg pour 100 gr on devine que notre peau devrait apprécier !

Et l’huile d’Argousier ne contient pas moins de 200mg de Caroténoïdes au total pour 100 gr.. La carotte n’en contenant que 8mg pour 100 gr ! On voit là toute sa richesse exceptionnelle ! Et pourquoi elle est une huile « bonne mine » par excellence.

Là petit aparté sur la Vitamine A que vendent certains sites de matières 1ères. Appelé aussi Rétinol (autre nom de la Vit.A), il est TOUJOURS synthétique. Cette Vitamine ne se conserve pas si on tente de l’extraire. La seule manière de supplémenter votre peau (ou votre organisme) c’est de lui administrer de la Pro-Vitamine A, substance qui se transformera en Vitamine A dans l’organisme. Encore un exemple qui nous montre qu’en utilisant des matières 1ères végétales on remplace avantageusement les molécules synthétiques ! Pourquoi utiliser du Rétinol chimique alors qu’une HV comme celle-ci peut nous en apporter autant ?? Et votre peau bénéficiera de la forme naturelle ! Dame Nature avait tout prévu.. Si on arrêtait de vouloir faire toujours mieux et moins cher on le ré-apprendrait..

Notre huile contient aussi des flavonoïdes, qui sont l’égal des caroténoïdes mais de couleur jaune. Ils font partie des phénols. Les Bioflavonoïdes sont des capteurs de radicaux libres, ils protègent ainsi notre peau des rayons UV et du vieillissement. Ils renforcent par synergie l’action anti-oxydante des Vitamines A et E. Cela améliore le fonctionnement cellulaire.

Notre huile contient également des micro-éléments (zinc, cuivre..), qui stimulent certaines fonctions biologiques et contribueraient à la régénération des tissus.

Et il faut parler des acides gras insaturés, ou Vit. F, que contient l’huile d’Argousier. Utiles pour combattre la sécheresse cutanée, stimulant de la régénération des cellules et aidant la cicatrisation. L’huile contient des acides gras essentiels (qui ne sont pas synthétisés par l’organisme et doivent donc y être apportés), comme l’acide linoléique et l’acide linolénique. Mais aussi de l’acide alpha-linolénique, un Oméga 3 normalement rare dans les végétaux.

Tout cela ce sont des généralités.. Car comme nous l’avons vu il existe plusieurs sortes d’huiles d’Argousier ! Huile de fruits et huile de graines (et même nous le verrons une huile de marc). Point primordial lorsque vous achetez une huile, connaître l’origine de celle-ci ! Car les 3 sont différentes, et ne coûtent pas le même prix.. Donc renseignez vous, car comme pour l’huile de pépins de figues de Barbarie et l’huile de figues de Barbarie, certains vendeurs entretiennent bien volontiers la confusion dans les tarifs… Un vendeur sérieux spécifiera sur sa fiche technique avec quelle partie de la plante est produite son huile.

Je vous fais un second article rapidement pour vous expliquer les différences entre ces huiles… Mais j’espère déjà vous avoir donné envie de vous y intéresser en cosmétique « home-made ». Vous l’aurez compris, moi je suis totalement fan !