Étiquettes
émulsion, émulsion O/W, émulsion W/O, beurre de Karité, formulation, gel d'aloe vera, INCI, texture
Si l’on veut faire ses cosmétiques soi-même, il faut d’abord savoir ce qui les compose. Car savez-vous ce qu’ils contiennent ? Et quelles sont les différentes formulations ? Cela vous permettra de choisir la composition et la texture de vos futures créations. Et aussi peut-être de regarder différemment ceux que vous achetez.. Comme je le disais précédemment que sait-on de ces cosmétiques vendus à grand renfort de pub à part si on sait déchiffrer l’INCI ? Chez beaucoup pas grand chose ! Je ne leurs conseillerais que trop le livre de Rita Steins « la vérité sur les cosmétiques ». L’angoument pour les cosmétiques « maison » ne viendrait-il pas aussi du fait que quand on sait ce qu’ils contiennent on a moins envie de les utiliser ?..
Avant de vous lancer dans la création, il est impératif de connaître les différents types de formulations. Vous préférez les soins fluides ? Ou plutôt la texture baume ? Quelle différence ? Quel choix de matières 1ères ? Je vais tenter de vous éclairer. Vous allez voir c’est beaucoup moins compliqué que vous ne le pensez. Et avec ces quelques bases vous pourrez créer une large gamme de produit.
On peut séparer les produits cosmétiques en 6 grandes « familles » suivant leur formulation:
LES HUILES: de soins, de massage, pour les cheveux, les solaires.. Simple mélange d’huiles, végétales ou synthétiques. Dans un produit contenant exclusivement des huiles (auxquelles on peut ajouter certains actifs), mieux vaut éviter les synthétiques.. Car une HV contient beaucoup de choses intéressantes pour notre peau (acides gras, vitamines..), c’est déjà un soin à elle seule. Alors qu’une huile synthétique est un produit inerte, issu de l’industrie pétrochimique ! Dont l’INCI est souvent « petroleum liquidum » (ou « mineral oil ») ! Un petit baume au pétrole ça vous dit ? C’est évidemment plus que caricatural. Mais pourquoi utiliser une matière 1ère inerte au lieu d’une HV nourrissante et excellente pour notre peau ? Si ce n’est pour une raison de coût.. L’avantage à les faire soi-même ? Vous choisissez chacune de vos HV en fonction de leurs différents actifs et propriétés. En y ajoutant quelques actifs (HE, vitamines..) vous obtiendrez déjà un soin complet.
LES BAUMES: très proche de la famille précédente, ayant simplement une consistance différente, plus épaisse. Un baume est donc aussi un mélange d’huiles (végétales ou synthétiques toujours), dont la texture est modifiée pour un résultat plus « solide ». Pour cela on peut utiliser une huile solide à température ambiante comme l’HV de Noix de Coco, et/ou on ajoute des beurres (beurre de Karité, de Cacao.. ), des cires (d’abeille, de soja, mais aussi de la cire synthétique, elle aussi tout droit issue de l’industrie pétrolière..) ou autre agent de texture (acide stéarique). Là aussi, on voit tout l’intérêt d’acheter un baume bio ou au moins naturel.. Sans huiles et cires synthétiques..
CREMES, LAITS.. : mais aussi certains sérums, démaquillants, fonds de teints.. Cette famille est certainement la plus vaste. Elle regroupe tous les produits contenant de l’huile ET de l’eau. Pourquoi sont-ils les plus utilisés ? Et bien parce-que ce sont, de par leur formulation, les produits les plus « compatibles » avec notre peau.
En effet, la surface de l’épiderme est couverte de ce que l’on appelle « le film hydro-lipidique ». Pour simplifier au maximum, la peau est couverte d’un film protecteur, constitué entre autres de sébum et de sueur. Donc un mélange de corps gras et d’eau. Si vous appliquez de l’eau sur votre peau, soit elle glisse, soit elle s’évapore. Mais elle ne pénétrera pas pour l’hydrater. Idem pour une huile: elle déposera une pellicule protectrice, mais seule une petite partie de ses actifs pénètreront la barrière du film hydro-lipidique. La solution ? Faire un produit à base des 2, afin que votre soin puisse être absorbé correctement et pénétrer les 1ères couches de l’épiderme.
Mais vous le savez certainement, l’huile et l’eau ne font pas bon ménage. Impossible de les mélanger simplement. Sauf si l’on prend l’option de faire un produit « bi-phasé » (une partie eau et une partie huile dans un flacon, qu’il faut secouer avant utilisation pour mixer temporairement les 2, les 2 parties se redifférenciant aussitôt en 2 phases distinctes), pour tous les autres il faut créer une émulsion.
Une émulsion est donc un mélange homogène et stable dans le temps, constitué d’huile (phase huileuse) et d’eau (phase aqueuse). Pour cela il faut utiliser un émulsifiant. Pour compliquer un peu les choses, il y a 2 grandes familles d’émulsions:
* l’émulsion « Eau dans Huile » (W/O pour Water in Oil): la proportion d’eau (la phase aqueuse) minoritaire introduite dans une large phase huileuse. Très succinctement, l’émulsifiant W/O permet la dispersion de gouttelettes d’eau à l’intérieur de l’huile majoritaire. En résultent des crèmes épaisses, grasses, particulièrement appréciées par les peaux sèches.
* l’emulsion « huile dans eau » (O/W pour Oil in Water): à l’inverse, celle-ci est un mélange d’un peu d’huile dans beaucoup d’eau. Donc la dispersion de la phase huileuse en goutelettes dans la phase aqueuse. En résultent des crèmes fluides, jusqu’aux laits quand on augmente la proportion d’eau.
J’ai vu souvent sur des blogs de « cosméteuses » une idée reçue totalement fausse: pour obtenir une émulsion W/O il faut, au moment d’effectuer le mélange, verser la phase aqueuse dans la phase huileuse, et le contraire pour une émulsion O/W.. Archi FAUX ! Cela n’a absolument rien à voir ! Si en général il parait assez logique de verser la phase minoritaire dans la majoritaire, cela ne joue en rien sur le type d’émulsion ! Vous pouvez inverser le sens sans pour autant modifier la structure finale de votre émulsion ! Pensez aussi qu’il est plus facile de transvaser la phase aqueuse, qui contrairement à la phase huileuse n’adhère pratiquement pas à son récipient. Surtout si votre phase huileuse est épaisse, vous risquez d’en perdre pas mal.
La différence vient uniquement de l’émulsifiant utilisé. Rien d’autre ! Je reviendrai certainement en détails sur la composition et le fonctionnement des différents émulsifiants, mais ce n’est pas ici notre propos. Sachez qu’il existe donc différents émulsifiants, permettant d’obtenir des textures différentes (crèmes épaisses, crèmes fluides, laits..). Suivant le résultat que vous souhaitez, vous choisirez donc d’utiliser tel ou tel émulsifiant. Il en existe beaucoup, chacun ayant sa spécificité. Les vendeurs de matières 1ères (sérieux..) vous donnent une fiche descriptive pour chacun, indiquant le type d’émulsion obtenu (et aussi s’ils sont utilisables à froid ou à quelle température, si le Ph est important..). Vous apprendrez petit à petit à les choisir seule et à créer vos propres recettes, mais pour débuter il vous sera plus facile de suivre des recettes déjà formulées.
LES PRODUITS NETTOYANTS: bien plus techniques, je vais laisser cette catégorie de côté pour l’instant. Très vaste, elle va de simples mélanges de détergents à la fabrication de savons (saponification). Pour débuter, commencez par acheter des bases neutres (savon liquide neutre, base à savons..) auxquelles vous pourrez ajouter tout un tas de choses (HE, un peu d’Aloe Vera, vitamines, colorants naturels..). Vous obtiendrez ainsi très facilement un gel douche ou bain, ou encore des savons personnalisés.
LES GELS: gloss, gels coiffants, pour le corps, certains sérums.. Ils contiennent une grande majorité d’eau (environ 90%). C’est la texture idéale pour les soins coiffants, les peaux grasses, pour celles qui n’aiment pas les textures grasses.. Ils peuvent également servir de simples « vecteurs » pour apporter des actifs à l’épiderme (exemples certains sérums à appliquer sous une crème, un gel décontractant..). Pour obtenir une formule gel, 2 solutions:
* soit utiliser un gel naturel comme celui d’Aloe Vera, auquel on ajoute simplement des actifs. Le gel d’Aloe Vera accepte même d’être mélangé avec un petit peu d’huile, car il est très légèrement émulsifiant. Il est alors enfantin de se concocter un gel de soin complet, à froid. Il suffit de mélanger du gel d’Aloe Vera, une petite cuillère d’HV, de l’extrait de concombre par exemple et hop un soin contour des yeux « minute » !
* soit utiliser de l’eau, à laquelle on ajoute un gélifiant. On peut remplacer l’eau par un hydrolat pour bénéficier de ses propriétés. Cela contrebalance l’absence d’actifs des gélifiants. Les plus naturels sont les gommes, d’acacia, guar, xanthane, certains extraits d’algues.. Dans les produits industriels on trouve malheureusement trop souvent des gels synthétiques.. Donc à 90% minimum totalement inertes ! On ne paye alors que le petit pourcentage restant, en général des conservateurs plus ou moins nocifs, des actifs de synthèse.. Je ne sais pas vous, mais pour moi non merci !
Il y a un autre gélifiant naturel que les cuisinières connaissent bien, l’Agar Agar. Si il peut servir en cosmétique, il est toutefois déconseillé. Car de par sa composition très complexe, il est utilisé en laboratoire comme « milieu de culture » ! Il est en effet très apprécié des bactéries et autres champignons, qu’il nourrit à merveille.. Le but étant d’avoir des produits sains et « propres », donc protégés au maximum du développement de bactéries et autres indésirables, mieux vaut éviter d’en faire des bouillons de culture ! Vous pouvez à la rigueur l’utiliser dans des soins « minutes », que l’on fait, utilise immédiatement et jette.
LE MAQUILLAGE: catégorie un peu à part, pouvant regrouper des émulsions (fonds de teints..), des baumes (rouges à lèvres, sticks..), des gels (gloss..), mais aussi des mélanges de poudres.. Mis à part les produits pour les lèvres faciles à réaliser, je vous conseille d’attendre un peu pour vous lancer. Maîtrisez l’émulsion, la création de gels, avant de chercher à fabriquer votre maquillage. Il vous faudra aussi vous familiariser avec des matières 1ères bien spécifiques (stéarate de magnésium, oxydes, micas..), qui n’entrent pas dans la composition des autres catégories de cosmétiques.
Vous connaissez maintenant les secrets des formulations cosmétiques. Vous voyez il n’y a rien de bien extraordinaire ! Et les fabriquants n’ont donc aucune potion magique et secrète impossible à reproduire.. Leurs ingrédients nous sont maintenant disponibles (hormis quelques actifs brevetés), et avec quelques recettes et conseils il vous sera facile de vous concocter des produits de grande qualité, bourrés d’actifs naturels, avec en plus la liberté de choisir exactement la composition.. Sans parler du plaisir de faire et utiliser ses propres créations ! Vous comprendrez pourquoi la famille des « cosméteuses » s’agrandit de jour en jour..